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France & Amérique


Le Marquis de La Fayette
(1757 – 1834)

Gilbert du Motier de la Fayette naît noble et ne cesse de se battre pour ses idées progressistes ; défendant l’abolition de l’esclavage, la liberté religieuse ou encore la suppression de la peine de mort, sa vie est guidée par l’indépendance. Son immense fortune et son mariage avec une famille proche de Louis XVI lui offrent d’importantes responsabilités à la Cour. Mais son esprit d’indépendance le pousse à refuser, le menant vers une carrière militaire. Major général de l’armée américaine à seulement 20 ans, il contribue aux succès militaires des insurgés.

Avant de devenir « héros des deux mondes », La Fayette a fait ses armes à Metz, c’est ici qu’il apprit à être officier sous le grade de capitaine des grenadiers à partir de 1775. Le 8 août de cette même année, le Marquis participe à un repas dans le pavillon Saint-Marcel, situé sur la place de la Comédie, y assiste également le Duc de Gloucester, frère cadet du roi d’Angleterre George III. En Amérique, la Guerre d’Indépendance fait rage depuis 4 mois déjà, le Duc dresse un tableau saisissant de la lutte que mènent les treize colonies américaines et le jeune La Fayette décide ce soir-là de rejoindre le Nouveau Monde pour se battre aux côtés des insurgés. Pas seulement avide de révolution, le choix du Marquis est aussi motivé par une profonde haine des Anglais, responsable de la mort de son père lors de la bataille de Hastenbeck en 1759 (Guerre de Sept Ans).

La Place de la Comédie et le plus ancien théâtre de France encore en activité.
À gauche le pavillon Saint-Marcel dans lequel La Fayette a pris la décision de partir pour l’Amérique.
Crédit photo : Pavillon Saint-Marcel, Théâtre, pavillon de la Douane, Jacques Mossot

Désormais héros de guerre, ami de Washington et conquis par les idées de liberté, La Fayette revient en France triomphant. Toujours proche de Louis XVI, il fait partie de l’Assemblée nationale (1789) et rédige la première Déclaration des droits de l’Homme. Après s’être illustré en tant que Commandant de la Garde nationale lors de la Révolution française, il devient lieutenant général. En 1791, alors que la guerre menace les frontières du Nord et de l’Est, La Fayette installe ses quartiers généraux à Metz, il y restera jusqu’en juillet 1792.

Jusqu’à sa mort en 1834, Le Marquis de La Fayette reste attaché à l’Amérique, il y retourne à plusieurs reprises et continue d’entretenir une correspondance avec Washington. Aujourd’hui encore, La Fayette reste très présent dans la mémoire collective américaine, comme en témoignent les nombreuses villes, les rues, les statues et autres nommés après le célèbre Marquis.

La Fayette et la révolution américaine par la chaîne youtube la Folle histoire

Une statue à Metz

C’est dans le Jardin Boufflers situé derrière le Palais de Justice que se sont succédées les statues au fil des siècles, avant que soit érigée, en 2004, celle du Marquis de La Fayette réalisée par Claude Goutin.

Le 20 mars 1898, durant l’annexion et dans le but de germaniser l’espace public, un monument en l’honneur du prince Frédéric Charles est érigé à cet emplacement. Représentant le prince en uniforme de hussard, il a été réalisé par le profession von Miller de Munich. Metz ne redevient française qu’après la première Guerre Mondiale et la statue prussienne est déboulonnée.

Après le départ des derniers soldats allemands (le 17 novembre 1918), des civils s’arment de cordes et renversent toutes les effigies prussiennes de la ville. Le socle de la statue de Frédéric Charles subsiste et laisse place à une nouvelle statue. Après 47 ans d’annexion, il s’agit de réintégrer Metz à la communauté française, le choix de la future statue devient important et symbolique.

Après un temps de vacance, les Chevaliers de Colomb, une puissante association catholique américaine, propose la mise en place d’une statue de La Fayette. Une souscription est votée aux Etats-Unis pour offrir à la « noble cité de Metz » une statue au « généreux et immortel Général La Fayette, champion de notre indépendance ». « La statue devra évoquer le jeune héros quittant sa garnison de Metz en 1775 et rappeler que c’est dans cette cité qu’il prit la généreuse décision d’engager son cœur et son épée pour servir la cause de l’indépendance des colonies anglaises d’Amérique du Nord. »

Le monument doit remplacer les « statues autocrates prussiennes » renversées et doit saluer le fort Saint Quentin. La statue réalisée par Wayland Bartlett ne sera néanmoins qu’une réplique de la statue de la Cours La Reine à Paris, elles ont été toutes les deux coulées dans le même moule. On peut toujours d’ailleurs y voir l’originale à Paris. La statue a été reçu avec tous les honneurs, lors de l’inauguration, la ville était magnifiquement décorée de drapeaux français et américains et y étaient présents l’Ambassadeur des États-Unis, Hugh C. Wallace, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, M. Lhopiteau, le Maréchal Foch et le Chevalier Suprême James Flaherty.

Lithographie représentant le diner de la Fayette à Metz, réalisée pour l’inauguration de sa statue.

La statue du marquis de Lafayette réalisée par Wayland Bartlett lors de l’inauguration de celle-ci avec les chevaliers de Colomb
Le monument Lafayette (Metz) par P.W. Bartlett, en partance de la rue de Ransfort, 1921
(Reprod. Par Christophe Chapel, coll. Charles de Coene)

Cette statue fut malheureusement fondue par les nazis en 1940 et s’en est suivi cette fois-ci une très longue vacance jusqu’en 2004 où elle a été remplacée par une œuvre toujours équestre du général La Fayette par l’artiste Claude Goutin en 2004. Elle a été inaugurée en la présence de la petite-fille du général Patton, général libérateur de la ville de Metz pendant la seconde Guerre Mondiale.

Statue du général Lafayette déboulonnée dans le cadre de la germanisation à Metz, aujourd’hui disparue.

Alexis de Tocqueville
(1805 – 1859)

Alexis de Tocqueville naît à Paris en 1805, philosophe, écrivain, politicien, il devient une référence lorsqu’il s’agit de démocratie puisque son œuvre la plus emblématique n’est autre que De la Démocratie en Amérique (1835).

Issu d’un milieu bourgeois et très enclin à un retour des Bourbons sur le trône, il rejoint son père (Préfet de Moselle) à Metz à l’âge de quinze ans. Il y vivra trois ans, les ruptures avec le monde parisien dans lequel il a grandi vont faire de lui le philosophe politique que l’on connait désormais. En 1821, il prend des cours d’histoire au collège royal (aujourd’hui Lycée Fabert), il fréquente la bibliothèque de la préfecture où il découvre Montesquieu, Voltaire et Rousseau – qu’il n’avait pas le droit de lire dans son milieu parisien –, c’est à cette même époque qu’il apprend que Malesherbes, son arrière-grand-père, a contribué au développement de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert en protégeant leurs manuscrits lorsqu’il était responsable de la censure royale (milieu du XVIIIème siècle).

En 1831, Tocqueville part aux États-Unis afin d’étudier le système pénitentiaire américain, prétexte pour étudier le système politique et social du pays. De retour au printemps 1832, il séjourne en Angleterre où il complète ses informations sur les systèmes démocratiques. Il rassemble ses notes de voyages pour en faire le premier tome de La Démocratie en Amérique (1835).

De la Démocratie en Amérique
L’essentiel

De la Démocratie en Amérique, version numérisée:

TOME 1 – https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k37007p/f1.item.texteImage?lang=FR

TOME 2 –https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65364363.texteImage#

Tocqueville cherche à comprendre le passage des sociétés aristocratiques (relations inégalitaires entre les individus) aux sociétés démocratiques. La société américaine étant jeune et démocratique, elle n’a jamais connu l’aristocratie et en fait un parfait objet d’étude.

Quatre idées majeures sont à retenir (extrait de La Sociothèque sur Youtube) :

  1. L’égalité des conditions comme moteur du processus de démocratisation.
  2. La démocratie est un état social en plus d’être un régime politique. L’individualisme, c’est-à-dire le retrait de la vie publique (politique) est un danger de la démocratie.
  3. Le retrait des individus de la vie publique permet au pouvoir de s’occuper de tout avec bienveillance, il s’agit du despotisme doux.
  4. Les décisions étant prises selon la majorité, celle-ci devient tyrannique et impose ses choix aux minorités (tyrannie de la majorité).

Auguste Bartholdi
(1834 – 1904)

Né à Colmar en août 1834, Frédéric Auguste Bartholdi est issu d’une famille bourgeoise, qui va le mener à grandir au milieu des notables de la ville. En 1836 son père meurt et en 1843 la famille déménage à Paris, où le sculpteur fréquentera le prestigieux lycée Louis le Grand. Ayant du mal à s’habituer à la vie de la capitale, Bartholdi et son frère passent leurs étés au calme, dans la campagne de Colmar.

            Très attaché à sa ville natale, il y inaugure son premier chef d’œuvre en 1856 : une statue du Général Rapp (héros des armées napoléoniennes). Par la suite, Bartholdi voyage en Orient et rapporte des dessins et des photographies qui l’inspireront pour d’autres sculptures. Il participe ensuite à de nombreux concours et répond à des commandes, jusqu’en 1870, guerre contre la Prusse dans laquelle il s’investit pour défendre son Alsace natale. À la fin de cette terrible année, il part pour les États-Unis et se lance dans le plus grand projet de sa vie :  la Liberté éclairant le monde, ou Statue de la Liberté.

L’épopée de la Statue de la Liberté

La création, l’assemblage et le transport de la Statue jusqu’à son arrivée à New York mettra 16 ans (1870 – 1886). En 1884 s’achève la fabrication, la statue est démontée mise en caisses et chargée sur un bateau à Rouen en mai 1885. Elle sera réceptionnée à New York le 17 juin 1885, remontée sur place et inaugurée le 28 octobre 1886.

La Statue de la Liberté dans son atelier à Paris
©Musée Bartholdi-Colmar. Repro Chr. Kempf

Vous pouvez observer sur les deux photographies la construction de Paris : sur l’ image de gauche , l’immeuble à l’arrière-plan n’a pas encore de fenêtres, alors que sur la deuxième, elles sont posées.

Sur son trajet, la torche de la Liberté éclairant le monde s’est arrêtée à Philadelphie. Ouverte aux visiteurs qui pouvaient y monter, les recettes ont contribué au financement de la construction de la Statue de la Liberté. 

©Musée Bartholdi-Colmar. Repro Chr. Kempf

La Statue de la Liberté de Colmar

Une réplique de la statue de la liberté a été réalisée à Colmar pour la mort du centenaire de Bartholdi. Elle mesure plus de 12 mètres au flambeau et a été fabriquée en matériau composite teinté dans la masse pour lui donner l’aspect du cuivre patiné.

Cette statue est aussi un lien de plus avec les Etats-Unis puisque en 1986, un jumelage entre Colmar et la ville universitaire de Princeton, près de New-York a été signé.

La statue représente toujours un symbole de liberté comme le montre les photographies ci-dessous.

La statue de la liberté à Colmar, drapée aux couleurs de l’Ukraine, en février 2022 © Maxppp – Hervé KIELWASSER

La torche a été exposée lors de l’exposition de Philadelphie, les visiteurs pouvaient payer pour y monter et contribuant ainsi au financement de la construction de la Statue de la Liberté.

©Musée Bartholdi-Colmar. Repro Chr. Kempf

Sources et autres liens

Le Marquis de la Fayette

La Fayette, Château de Versailles

La Fayette, un héros messin, Tout Metz

https://newyork.consulfrance.org/la-fayette-heros-des-deux-mondes
La Fayette, héros des deux mondes, Consulat Général de France à New-York

Alexis de Tocqueville

Alexis de Tocqueville (1805 – 1859), Nous lui devons de savoir qui nous sommes, Hérodote.net

« Tocqueville – De la Démocratie en Amérique » par La Sociothèque sur Youtube

Savez-vous qu’Alexis de Tocqueville a connu ses premiers émois philosophiques et amoureux à Metz ?, Le Républicain Lorrain

Alexis de Tocqueville, fiche auteur, La Sociothèque

Alexis de Tocqueville le Messin, France Bleu

La Manche sous la plume d’Alexis de Tocqueville, actu.fr

Auguste Bartholdi

Auguste Bartholdi, Biographie, Musée Bartholdi

A Colmar, la Statue de la liberté enfile un « gilet jaune », Paris Match

Guerre en Ukraine : à Colmar, déjà une centaine d’offres d’habitants pour accueillir des réfugiés, France Bleu

Une œuvre, un musée, une histoire : Bartholdi, le père alsacien de la statue de la Liberté, France Info

La Statue de la Liberté, L’Histoire par l’Image

Paris : où sont les 6 statues de la Liberté ?, Vivre Paris